Mon école est essentielle

Salut les copains,

J’espère que vous vous portez bien ? Aujourd’hui je viens vous parler de mon école canine et plus particulièrement de l’importance de l’éducation pour nous les boules de poils.

Vous le savez déjà, papa et maman m’ont recueilli en refuge après sept longs mois passés dans le box 102. Malgré l’amour de mes animalières, ça laisse des marques. Les marques du manque de socialisation, du manque de dépense physique et mentale, des personnes qui passent à longueurs de journée devant le box sans jamais s’attarder sur moi, de ceux qui s’arrêtent simplement pour taper sur la grille et m’exciter, de la douleur quand une de mes animalières me laisse après avoir passer un peu de temps avec moi. En somme les marques de l’abandon…

Certains dirons que la vie a été dure pour moi et que je n’ai pas eu de chance. C’est une manière de voir les choses. Moi je dis que la vie a bien fait son travail car elle m’a offert la famille de mes rêves. Alors oui, il a fallu surmonter des étapes, mais aujourd’hui comme me dit maman pour me taquiner “tu es un chien de luxe mon Nounou”. C’est pour m’embêter je sais, mais au fond bien sûr qu’elle a raison.
Comment pensez encore à mon abandon et au box 102 quand j’ai un méga lit douillet, des jouets à revendre, de la nourriture, de l’eau, des friandises, des vacances et l’amour démesuré de mes parents ?

Pourtant et malgré toutes ces belles paroles, je ne suis pas un chien facile. Onze mois que je suis dans mon chez moi et je fais encore le “salopiot” comme dit maman. Bah oui parce que l’abandon laisse des traces, je suis anxieux. J’ai encore besoin de voir papa et maman, sinon je pleure. Quand je suis trop content de voir un humain, je saute, je m’excite et avec mes muscles c’est pas une mince affaire. Quand je vois des copains congénères, si je suis détaché ça se passe bien. Si je suis en laisse, je tire comme un petit fou.

Malgré tous mes petits défauts, papa et maman m’aiment d’un amour qu’ils ne sauraient décrire. Parce que la langue française, bien que très riches en vocabulaire, n’a pas de mots assez fort pour décrire cette amour.

“Il faut le vivre” dirait maman.

S’ils m’aiment aussi fort et que je leur rends bien, c’est parce qu’ils sont allés voir au-delà de mes difficultés. Ils ont cherché à les comprendre. C’est beaucoup plus facile pour l’humain de pardonner à son chien l’excitation ou la destruction quand il comprend que c’est de l’anxiété et pas de la provocation.
Mais cela ne s’invente pas, ça s’apprend et avec des têtes de pioche comme moi, qui ont eu un début de vie difficile, il faut parfois que nos humains se fassent épauler.
C’est ce qu’ont fait papa et maman en allant à l’école du chien. Alors papa et maman appellent ça l’école du chien. Ils pourraient l’appeler le club canin, les cours d’éducation ou encore toute autre appellation. En tout cas, c’est l’endroit où l’humain apprend à décoder et comprendre son chien. Nous n’y allons pas pour du dressage, car bien qu’essentiel, il ne fait pas tout.
Assis, coucher, roule ou tout autre ordre c’est une chose. Mais la socialisation, la concentration, le lien de confiance entre chien et humain s’en est une autre.

Un mois après mon arrivée à la maison, papa et maman m’ont emmené à l’école. Alors pas n’importe laquelle. Une école qui soutien la SPA en offrant trois cours aux adoptants qui souhaitent nous donner une nouvelle image de la vie. Mon école est certifiée et affiliée à la Société Centrale Canine. Les éducateurs diplômés enseignent bénévolement les méthodes d’éducation positive. Les bons comportements du chien sont valorisés, les mauvais sont ignorés.
Autant vous dire que c’est bien ce dont j’ai besoin, car le peu de fois où papa et maman ont crié, je me suis encore plus excité. Alors du cadre et de la fermeté oui, mais toujours avec cohérence et renforcement des comportements adaptés.

Je ne les remercierai jamais assez de ça. Au combien ça me fait du bien, même si c’est dure. Au combien ça fait du bien à papa et maman, même si leurs biscottos sont mis à rude épreuve par mon agitation.
J’y ai découvert le monde canin. J’ai rencontré d’autres copains, des petits, des grands. Je dois travailler à côté d’eux. Que c’est difficile d’écouter papa ou maman alors qu’il y a plein de copains juste sous mes yeux. Les premiers temps ont été d’une difficulté sans nom pour tout le monde. Maman pleurait, papa ne voyait pas de progrès et moi j’étais blanc de pellicules tellement je stressais.
Puis au fil des semaines, de longues semaines je précise. Car il ne faut pas croire que les choses se règlent en deux jours quand on a vécu ce que j’ai vécu. Papa et maman ont fini par prendre confiance en eux grâce au soutien que leur ont témoigné les éducateurs. J’ai alors à mon tour pu faire confiance à papa et maman.
J’ai ainsi réappris les codes canins, le rappel et tant d’autres choses. Je peux jouer avec d’autres copains même plus petits que moi. Du moment que papa et maman sont là, je ne crains rien.

Alors oui, j’ai encore plein de défauts et ne croyez pas en lisant cet article que tout est résolu et que tout est facile. L’école du chien c’est encore très dure pour moi, mais je progresse. Je peux tenir tout le cours sans avoir à sortir avant pour me dégourdir les pattes. Je peux attendre en ligne à côtés des autres copains que les petits passent devant moi sans leur foncer dessus. Maman peut mettre mon sac à caca à la poubelle sans que je tire comme un fou sur la laisse. Quand papa et maman me disent “regarde”, quand bien même il y a de l’agitation autour de moi, je le fais.

Mon école transpire la passion pour les chiens. C’est un lieu où s’allient bienveillance, amour et désire de transmission. Mon école elle m’est vitale. Parce que sans mon école, sans mes éducateurs, je n’aurais pas noué des liens aussi forts avec papa et maman. Ils me font avancer, ils font avancer papa et maman et ça nous rend la vie plus belle à la maison.

Alors à vous humains qui me lisez, prenez conscience de l’importance de l’éducation pour votre chien. Prenez conscience que pour une vie en toute harmonie, nous en avons besoin et vous aussi. Surtout quand comme moi, votre boule de poils a vécu l’abandon. Nous avons vécu des moments difficiles et le monde nous a été présenté sous un angle douloureux. Nos codes sont alors entachés, nos angoisses sont démesurées. Nous agissons ou plutôt nous réagissons, comme nous pouvons, suite aux expériences vécues.
Déconstruire tout cela, pour se reconstruire sur d’autres codes et avoir une nouvelle vision du monde, ça prend du temps et surtout, surtout ça nécessite l’intervention de bons professionnels.
Alors à vous humains qui adoptés, renseignez vous auprès des refuges, intégrer les clubs où les éducateurs sont passionnés par le monde canin, faites leur confiance et mettez vous au travail. Notre bonheur se trouve au cœur de votre implication.

Avec cet article, je veux rendre hommage à mon école et à tous les membres qui l’a constitue. A savoir, mes éducateurs, Christophe, Stéphanie, Nathalie et Christelle. Mais aussi toutes les personnes qui agissent dans l’ombre et qui permettent pourtant le bon fonctionnement de l’école, ceux qui nous accueillent quand on arrive, ceux qui entretiennent le terrain, ceux qui gèrent tout le côté administratif. Sans oublier ma comportementaliste et présidente du club Orckia.
Toutes ces personnes qui m’aiment, qui me soutiennent, qui épaulent papa et maman et qui plaident la cause des grosses têtes comme moi qui n’ont rien de méchant. Merci, merci à vous d’avoir cru en moi dès le début, bien au-delà de mon faciès et de m’avoir ouvert les portes de votre école aujourd’hui devenue mienne !!!
Mon école, c’est le 4 Pattes Club d’Arnas et il a trop La Classe !!!

Puis à vous papa et maman qui parlez d’école du chien, comme vous apprenez autant que moi là-bas, je crois que nous pouvons désormais parler de l’école de la famille !

Léchouilles brusques (parce que ça, ça ne changera jamais ça fait parti de moi)

P.s : Je remercie mille fois Orckia qui a encore donné de son temps, sans compter, pour parler à maman du club, de son fonctionnement, du fonctionnement de la fédération de la canine. Qui a aussi su conseiller maman pour l’utilisation des bons termes pour l’écriture de cet article.