Le jour où je lui ai demandé : “Maman, s’il te plait, apprends à parler chien”
Hello les amis,
Voila un petit mois que je ne vous ai pas causé. Il est temps que je m’y remettre.
Dans le dernier article, j’avais conclu en mettant l’accent sur le fait que la communication va au-delà du langage verbal. Que pour nous, les boules de poils, le langage verbal nous l’apprenons grâce aux codes que vous, humain, vous nous enseignez. C’est un mode de communication qui ne nous est pas inné.
Aujourd’hui, je voudrais aller un peu plus loin sur le sujet et vous partager, au travers d’une situation que j’ai vécu avec maman, quelques uns de nos signaux de communication. Ces derniers sont plus communément appelés signaux d’apaisement.
Un après-midi, maman m’a emmené faire une belle balade près de chez moi. Nous y avons retrouvé une nouvelle copine. Et oui, pour me socialiser au mieux, en plus de l’école, maman me fait rencontrer d’autres chiens. L’objectif c’est que je me perfectionne dans la compréhension du langage canin. Car nous les quatre pattes, nous communiquons grâce à des signaux universels quelque soit notre race. Mieux je comprendrais ces signaux, mieux je serais dans mes coussinets face à mes congénères.
Entre parenthèse, c’est aussi pour que maman soit mieux dans ses baskets quand elle me sort. Parce que nous parlons de moi, mais faut la voir, elle aussi, dans sa gestion des émotions hahaha !!!
Revenons à notre balade. Tout s’est très bien passé. J’ai couru, sauté, joué avec cette nouvelle copine. Pas de grognement, pas de grosse montée de stress, je me suis plutôt bien géré. J’étais tellement crevé à la fin, que je suis monté dans la voiture sans aucun problème pour rentrer.
Une fois à la maison, les choses ont commencé à dégénérer. Je ne me suis pas posé une seule seconde. Je me suis mis à renifler les quatre coins de la maison, à gratter les murs.
Maman ne comprenait pas ce qu’il m’arrivait. Elle m’a demandé d’aller à ma place. J’y suis allé, mais je ne me suis pas couché. J’ai gratté mon pilou, mes couvertures, j’ai retourné tout mon lit.
Je sentais maman perdre pied, elle me regardait du coin de l’œil. De temps en temps, elle me disait de m’arrêter. Impossible pour moi, puis l’entendre me dire “stop” m’angoissait encore plus. De tout façon, si maman perd pied, je perds pied.
Elle était pas bien maman ce jour là, je le sentais bien. Alors moi, je comprends que parfois elle est pas bien, mais je ne sais pas encore gérer ça c’est beaucoup trop difficile. Que faire alors ???
Je me suis mis à lui foncer dessus et à lui aboyer, tout en remuant la queue. Là, elle me regardait sans rien dire. Alors je détournais un court instant la tête, puis je me figeais. Qu’allait-il bien se passer ? Elle se posait la même question, j’en suis sûr. Je la voyais de plus en plus désemparée. J’ai aussi tenté la position de l’appel au jeux, mais la situation était toujours la même. Pour la première fois, j’ai lu la peur dans les yeux de maman…
Elle m’a dit : “Nounou on dirait que tu ne me reconnais plus” ! Comment lui faire comprendre que bien sûr que si je l’a reconnais, mais que je veux qu’elle s’apaise. Je veux lui dire ‘t’inquiètes pas tout va bien” comme elle me le dit si souvent…
J’ai vu maman s’asseoir à la table de la salle à manger et attendre sans plus bouger. J’étais un peu décontenancer par son attitude. Que faisait-elle ? Elle attendait que papa rentre parce qu’elle ne savait plus comment agir. Elle qui a toujours cherché à me comprendre depuis le premier jour où je suis arrivée dans ma nouvelle maison. Elle qui a toujours su quoi faire, ou du moins qui a toujours essayer de faire. Là, elle s’est simplement assise. Mais que se passait-il ? Maman allait-elle abandonner tout ce qu’elle avait commencé depuis 10 mois ? Allait-elle m’abandonner elle aussi ?
Papa est rentré. Ouf pour elle, ouf pour moi. J’ai dit bonjour à papa. Je me sentais un peu mieux ,mais ce n’étais pas ça non plus. Je continuais de tout renifler, de gratter les murs. Puis je les entendais parler. Maman disait combien ça lui faisait de la peine de ne pas me comprendre. Qu’elle avait l’impression de plus me reconnaitre et pire encore que moi je ne l’a reconnaissait plus. Que c’est comme si ce n’était plus ma maison, comme si quelqu’un était passé et avait enlever mon odeur partout. Qu’elle avait eu pour la première fois peur de moi. A ce moment là, j’ai cru que mon cœur allait tomber en miette.
J’ai finit par me poser environ deux heures, mais quand papa et maman se sont couchés j’ai de nouveau été pris d’angoisses. J’ai pleuré deux heures derrière leur porte de chambre. Ils ont essayé à plusieurs reprises de venir m’apaiser, mais rien rien rien n’y faisait je n’étais pas bien. Puis ils ont fini par me monter mon panier contre leur porte comme le premier jour de mon arrivé. Ça y est je retrouvais papa et maman, il m’avait compris. J’avais besoin ce soir d’être un peu plus prêt d’eux. Je me suis apaiser et endormi jusqu’au lendemain matin.
Inutile de vous dire que ma peur de l’abandon est aujourd’hui sans fondement. Bien sûr que papa et maman n’ont pas baissé les bras. Au fond, je sais qu’ils ne me lâcheront jamais. Ils ont appelé ma comportementaliste. Avec elle, ils ont tenté de décoder mon comportement. Maman s’est aussi mise à lire des livres sur le comportement canin et notamment le langage canin.
Il en ressort c’était un soir où maman était angoissée pour diverses raisons et que moi, éponge que je suis, je me suis beaucoup stressée de la sentir si mal. Peut importe, mon but ici n’est pas de dire pourquoi je me suis comporter de la sorte, mais plutôt de montrer l’intercompréhension qui s’est installée entre elle et moi.
Soyons bien d’accord, avec mon début de vie chaotique et mes sept mois de box, le langage canin je ne l’avais pas. Mes animalières au refuge et mes éducateurs à l’école pourraient vous en parler : “Haka même avec ta grosse tête tu n’as rien d’un chien méchant, mais par contre tu ne comprends rien au langage canin…” Mais grâce à eux et à mes copains à quatre pattes du club, j’ai appris doucement mais surement. Je ne les ai pas tous et ma difficulté à gérer mes émotions fait que parfois même en connaissant les codes je n’arrive pas à les respecter. Pourtant aujourd’hui j’en ai acquis un certain nombre et dans mon attitude je faisais passer des message à maman qu’elle n’a pas compris.
Alors que je lui envoyais des signaux d’apaisement, elle les a pris comme des signaux de menace. Me sentant incompris et voyant maman perdre pied, je me suis de plus en plus agité. Pourtant mon seul message était “Maman tout va bien, calme toi s’il plait. Maman n’est pas peur. Apprends à me décoder, apprend à parler chien et tu n’auras plus peur”.
Bien entendu, aujourd’hui, maman fait tout ce qu’il faut avec papa pour comprendre repérer les signaux que j’envoie. Ils les utilisent même pour m’aider à m’apaiser. Quand j’embête un peu trop maman, elle tourne la tête. Je comprends que c’est trop et je m’en vais.
Certains diront peut-être que tout ça est tiré par les cheveux. Grand bien leur fasse… Moi je veux vous aboyer haut et très fort que si vous êtes en mesure de décoder les signaux que votre boule de poils vous envoie alors la relation que vous aurez avec lui sera de plus en plus harmonieuse.
Léchouilles et remerciements à tous ceux qui soutiennent papa et maman dans ma rééducation !